Colloque : 7e journée d'étude du Réseau des modernistes francophones de Belgique

De la République des lettres aux académies : regards et réflexivité sur les sociabilités savantes

13 mai 2022

Journée d'étude organisée à la KBR par Jules Dejonckheere, Colin Dupont, Nicolas Duriau, Nicolas Simon (Académie royale de Belgique/UCLouvain/USL-B) & Matthieu Somon et l’équipe de ModerNum.

Argumentaire

 

L’année 2022 marque le 250e anniversaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. C’est en effet le 16 décembre 1772 que l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche signa les lettres patentes instituant, à Bruxelles, une Académie royale et impériale comme il en existait tant d’autres en Europe à la même époque. Ainsi la création d’une telle institution s’inscrit dans une tradition de fédération des savoirs, ici fondée sur le  patronage et l’octroi de libéralités à des savants, intellectuels et artistes. C’est d’ailleurs par ce biais que nombre de princes et souverains ont non seulement pu  soutenir le renouvellement des connaissances, mais aussi reprendre à leur compte les résultats de ces recherches.

 

Les Académies incarnent et formalisent des réseaux de sociabilités intellectuelles qui leur préexistaient largement. Dans un contexte de « crise » de la scolastique médiévale, les savants ont cherché de nouveaux modes et espaces d’échanges où produire des savoirs en dehors du carcan universitaire. Académies italiennes du Quattrocento, idéal de la République des Lettres et des Sciences, sociétés savantes, bibliothèques, académies “provinciales”, conservatoires, cabinets de lecture ou salons ponctuent, tout au long de l’époque moderne, cette sociabilité dite « savante ». Du XVIe au XVIIIe siècle, et sous l’effet de ce que l’historiographie a pu nommer la « révolution scientifique », on observe en effet l’efflorescence de nouveaux lieux de savoirs et de savoir-faire.

 

Lorsqu’en 1772 l’impératrice Marie-Thérèse soutient la fondation d’une Académie, elle lui octroie également un local pour y tenir ses réunions. Les nouveaux Académiciens peuvent ainsi se retrouver dans  “la salle de notre bibliothèque royale que nous venons de faire adapter et ouvrir à l’usage du public”. Malgré les nombreuses vicissitudes qui ont marqué son histoire, cette “bibliothèque royale” existe encore aujourd’hui puisque KBR incarne toujours cette ouverture et cet accès aux savoirs et connaissances. L’importance accordée dès l’époque moderne aux lieux de socialisation du savoir est une question tout aussi prégnante que celle de l’institutionnalisation des connaissances et des techniques. Au-delà des bibliothèques, savants et artistes se rencontrent et échangent dans des cafés, cercles de lecture, salons ou cabinets de curiosités mais aussi lors de conférences, de réunions ou d’expositions.

 

 

Au sein de ces cénacles, comment se structurent et s’organisent les rapports, y compris ceux de genre, entre membres ? Quelles sont les logiques qui président à la sélection de savants et d’artistes ? Quels impacts les circuits d’élaboration et de validation des savoirs (concours, questions, expositions) ont-ils sur la production scientifique et artistique ? Ces questions nous invitent à poser un regard critique et réflexif sur ces sociabilités savantes, leurs effets sur la recherche, la création et le public, ainsi que sur les lieux où elles peuvent s’insérer ou s’institutionnaliser.

 

Loin de représenter une liste exhaustive, ces interrogations sont autant de pistes de réflexion pour aborder à la fois l’élaboration et la  circulation des savoirs(-faire), aussi bien que leurs conditions matérielles et symboliques d’existence. La prochaine journée d’étude du Groupe de contact FNRS ModerNum invite aussi à examiner le rôle de ces institutions aujourd’hui.


Informations pratiques

 

13/05/2022 - 9h-16h30

KBR

Monts des Arts, 28

1000 Bruxelles

Salle Panorama (6e étage)

 

Infos et inscription via le Carnet de recherches de ModerNum

Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société

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