Séminaire de présentation des recherches doctorales de Julien Wilmart

"Les deux compagnies de Mousquetaires du roi de France (1622-1815) : corps d'élite, confiance royale et service extraordinaire"

23 novembre 2022

Intervenant : Julien Wilmart (Sorbonne Université / USLB)

Résumé

 

Les deux compagnies de Mousquetaires du roi appartenaient aux unités de la garde rapprochée du souverain, qui prit le nom, sous Louis XIV, de Maison militaire du roi. Créée en 1622 par Louis XIII à partir de la compagnie des Carabins de Henri IV, la première compagnie servit le roi à la Cour et à la guerre jusqu’en 1646, époque à laquelle Mazarin la licencia afin de renvoyer le comte de Tréville. En 1657, Louis XIV et le cardinal la rétablirent et, l’année suivante, d’Artagnan en devint le commandant effectif. Depuis 1634, le roi s’était fait capitaine en titre du corps, déléguant le commandement à un capitaine-lieutenant ; cette réforme était la marque d’un insigne honneur et d’une affection particulière du souverain envers ses Mousquetaires. Sensible à l’attachement que le roi éprouvait pour ces derniers, en 1660, Mazarin offrit à Louis XIV sa propre compagnie de Mousquetaires à cheval comme cadeau de mariage. Établie sur le même pied que la première en 1665, ces deux compagnies virent leurs fonctions dépasser leur rôle intrinsèque de garde du roi. Dès les années 1660, Louis XIV fit en effet des troupes de sa Maison des unités d’élite et leur assigna un service de guerre : dès lors, les Mousquetaires participèrent à toutes les guerres, s’y forgèrent leur réputation et décidèrent plus d’une fois du sort de la bataille, comme au siège de Valenciennes (1677). Leur mode de combat cumulait les caractéristiques d’une forme d’idéal chevaleresque, qui les faisaient apparaître comme un conservatoire des valeurs militaires de la noblesse à la fin du XVIIe siècle. Dans l’ensemble de leurs engagements, les Mousquetaires portaient partout la marque de la puissance royale et furent ainsi régulièrement utilisés dans le cadre de missions délicates pour réprimer des soulèvements intérieurs ou arrêter des personnages influents, à la manière d’agents d’une police politique royale. Ils apparaissaient donc comme les représentants de l’arbitraire royal, dont ils étaient le bras armé. De par leur proximité avec le souverain et leur efficacité militaire, dès les années 1680, Louis XIV en fit également une école militaire pour la jeune et haute noblesse du royaume, qui était invitée à venir y apprendre les rudiments du métier des armes avant d’espérer obtenir une charge d’officier. Les deux compagnies devinrent ainsi une pépinière pour le corps des officiers des armées royales jusqu’à leur suppression. Malgré le dynamisme de cette école et leur utilité notamment à contenir la guerre des Farines à Paris, les Mousquetaires furent licenciés par Louis XVI en 1775 dans un contexte teinté d’économies budgétaires et de politique de faction conduite par Marie-Antoinette. Ils furent éphémèrement rétablis dans l’Armée des Princes en 1791-1792 et sous la Restauration en 1814, mais Louis XVIII les supprima définitivement en 1815.

 

Ce travail de recherche d’histoire militaire conduit une double approche en étudiant les Mousquetaires comme l’exemple du fonctionnement d’un corps d’élite de l’armée française d’Ancien Régime, sans toutefois négliger l’ensemble des particularités propres à cette troupe qui fondèrent leur renommée. Toujours à la pointe des avancées militaires, les Mousquetaires furent en effet parmi les premiers soldats à recevoir un uniforme, des casernes ou les armes les plus avancées ; statut hybride, leur double service à pied et à cheval constituait également une nouveauté tactique. Sans oublier de chercher à comprendre les fondements de leur gloire immortelle qui en fit, plus que tout autre, le corps militaire le plus célèbre de la culture française.

Informations pratiques

23/11/2022

12h-14h

 

Université Saint-Louis - Bruxelles

Boulevard du Jardin Botanique, 43

1000 Bruxelles

Local : P61

 

L'inscription à ce séminaire est obligatoire avant le 18/11 via ce formulaire. Un lunch est prévu.

Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société

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