Intervenant : Antoine Renglet (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)

"Brutaliser n’est point faire la police. On peut tenir une conduite rude sans oublier le premier de tous les droits, celui de l’humanité. Les sergens de police sont payés par la commune pour maintenir l’ordre et pour réprimer les troubles, mais non pas pour exercer eux même des violences et pour provoquer par une conduite farouche et insolente."

Cette citation provient d’une lettre écrite par le maire de Cologne le 28 octobre 1808 à l’un des commissaires de police de la ville. Elle met fin à une enquête ouverte quelques jours plus tôt suite à des brutalités commises par un sergent de police contre plusieurs habitants de Cologne. Elle reflète les nombreux discours sur le lien entre la police et la violence que l’on peut rencontrer en explorant les archives policières ou judiciaires à la fin du dix-huitième siècle et au début du dix-neuvième. Plus encore, elle rompt avec l’idée selon laquelle la violence serait depuis toujours une fonction naturelle et intrinsèque du maintien de l’ordre.

Dans la seconde moitié du 19e siècle en revanche, les discours se multiplient autour de la légitimité des forces de police à user de la force. Ce changement, qui s’est déroulé dans un contexte de montée des impérialismes et de mouvements révolutionnaires en Europe, reste encore peu connu aujourd’hui, même s’il a joué un rôle essentiel dans la construction ultérieure de la thèse de Max Weber sur le monopole de la violence légitime par l’État.

La communication d'Antoine Renglet présentera les objectifs et les enjeux de l’étude des violences policières à l’époque des révolutions (1789-1848) et esquissera des premiers résultats de recherche à partir du cas de Bruxelles.