Colloque : Paroisses et pouvoir civil au travers des siècles : je t'aime moi non plus ?

Argumentaire

Fréquemment la presse se fait l'écho de tensions, voire de différends, entre fabriques d'église et autorités communales. Pèse, bien entendu, sur cette problématique le vieillissement des édifices cultuels dont les coûts d'entretien et de rénovation suscitent parfois des réticences, surtout au vu du recul de la pratique religieuse, de la multiculturalité et de la laïcisation croissantes de nos sociétés depuis le début du XIXe siècle. Mais au-delà, surgit la question – éminemment  politique – du rapport entre la sphère ecclésiastique et la sphère civile.

 

Pour l'historien reste une question fondamentale : comment en est-on arrivé là ? En d'autres termes, quels furent sous l'Ancien Régime – car tout part de là – les rapports entre la paroisse d'un côté et les autorités civiles de l'autre ? Ou, plus fondamntalement, doit-on parler de côtés ?

 

En préalable, il convient d'envisager la définition même d'institutions paroissiales. Ou, pour le dire autrement, quelles institutions s'intègrent-elles dans la paroisse ? Ce qu'il est convenu d'appeler l'église ou la fabrique, cela va de soi. Les chapelles et confréries installées dans la paroisse ou – et c'est déjà une nuance essentielle – dans un lieu de culte extérieur. Qu'en est-il également des écoles ainsi que des tables des pauvres ou tables du Saint-Esprit ? Des évolutions peuvent-elles être notées en cette matière, ce qui sous-tend une question fondamentale : celle des origines.

 

Cela pose la question de la gestion de ces institutions. Par qui cette gestion est-elle assurée ? On pense bien entendu à peser les rôles respectifs du curé et des autorités civiles, mais également aux administrateurs paroissiaux, aux marguilliers. Qui sont-ils, d'où sont-ils issus, par qui et comment sont-ils désignés ? La question vaut également pour le personnel au service de ces différentes composantes : qui pose le choix des receveurs, mambours, maîtres d'école ? En corolaire le contrôle de ces personnes et de leurs activités – pensons notamment à la comptabilité – au niveau local peut s'avérer révélateur des interactions de pouvoirs.

 

Ce contrôle peut être envisagé également à un autre échelon, extérieur à la paroisse, celui des autorités supérieures. On connaît ici les interventions en ce sens lors des visites pastorales. Mais en est-il d'autres ? La mission du clergé dépend-elle uniquement des instances diocésaines ou doit-il répondre à d’autres autorités ? Par ailleurs, qui intervient lorsqu'il s'agit de produire une norme de fonctionnement ou de modifier des usages établis ? Existe-t-il une concurrence entre normes civile et ecclésiastique, pouvoirs civils et pouvoirs ecclésiastiques ?

 

L'établissement des fabriques en 1809 constitue une étape essentielle. Les rapports entre celles-ci et les autorités de tutelle, communales notamment, sont clairement définis par des textes légaux. Mais, sur le terrain, n'existe-t-il pas des zones floues, des sujets sensibles, sources potentielles de tensions ? Par ailleurs, ont-elles connu depuis leur création des évolutions sensibles et comment se situent-elles et sont-elles perçues de nos jours ?

 

Ces questions, on le voit, ne peuvent qu’être traitées dans une perspective chronologique élargie. L’Ancien Régime est loin en effet de présenter une situation uniforme. Demeure aussi la question fondamentale de l'héritage : dans quelle mesure les fabriques s'inscrivent-elles dans la continuité des structures d'Ancien Régime ? Et, plus fondamentalement, nos catégories actuelles vallent-elles pour les siècles passés ?

 

Ce projet est mené dans le cadre des activités du CHIREL de l’Université Saint-Louis.

 

Les actes seront publiés dans la collection des C@hiers du CRHIDI.

Programme

9 h - accueil des participants

 

9 h 15 - Christian Dury (Archives de l’Évêché de Liège) : "La charge des églises et des chapelles au diocèse de Liège après 1559".

 

9 h 45 - Jean-Marie Cauchies (Université Saint-Louis – Bruxelles) : "Entre paroisses et commune : la « conduite de la charité » et la législation dans les Pays-Bas (XVIe – XVIIIe siècle)".

 

10 h 15 - Pause

 

10 h 30 - Philippe Desmette (Université Saint-Louis – Bruxelles) : "Gérer les institutions paroissiales en Hainaut et Tournaisis,  XVIe –XVIIIe siècle".

 

11 h 00 - André Tihon (Université Saint-Louis – Bruxelles) : "Fabriques d’église, tables du Saint-Esprit et échevins. Quelques exemples en Brabant wallon au XVIIIe siècle".

 

11 h 30 - Discussion

 

12 h - Repas

 

14 h - Jean-François Van Caulaert (licencié en histoire, membre associé du CRHIDI) : "De la mambournie à la fabrique, la présence des laïcs dans la gestion matérielle des paroisses d’antan".

 

14 h 30 - Paul Wynants (Université de Namur) : "Fabriques d’église et pouvoir civil de la fin du XVIIIe à la fin du XXe siècle". 

 

15 h - Discussion

 

15 h 30 - Henry Maillard (licencié en histoire, Secrétaire de la fabrique d’église de Soignies-Carrières) : conclusions.

Informations pratiques

Vendredi 12 mai 2017

Université Saint-Louis - Bruxelles (local P61)

43 Bd. du Jardin Botanique

1000 Bruxelles

 

Organisateurs :

Prof. Ph. Demsette

Prof. A. Thion

 

Contact : philippe.desmette@usaintlouis.be

 

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Commentaires: 1
  • #1

    colletma@hotmail.com (mercredi, 19 avril 2017 06:42)

    Très beau programme !
    Restent des coquilles dans les noms des organisateurs : l'abbé André Tihon et le professeur Ph. Desmette!
    Nous diffuserons le programme sur notre site et directement vers notre carnet d'adresses dès que le folder numérique nous parviendra. Bonne préparation.
    Marie-Astrid Collet - Chirel BW

Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société

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